FAE remporte la compétition de Blackpool
7 septembre 2012 — Canada
La firme FAE Pyrotechnie participait le 7 septembre dernier à la compétition internationale de Blackpool, Angleterre.
Ces artificiers sherbrookois participaient pour la première fois à une compétition de calibre international à l’extérieur du pays, et ils ont remporté les grands honneurs lors de la remise des prix du 30 septembre 2012, devançant Howard & Sons et Brezac Artifices pour la première place.
Je me suis entretenu avec Jean-Sébastien Gagné, concepteur du spectacle gagnant, pour connaître sa réaction après sa première victoire hors-Canada et les défis qu’il a rencontrés dans le cadre de cette compétition.
Jean-Sébastien Gagné, concepteur, et Pierre-Luc Chicoine, responsable de la logistique du feu de Blackpool
-
Comment avez-vous appris votre victoire ?
-
En parallèle de mon travail d’artificier, je suis ambulancier à temps partiel à 30 minutes de route de Sherbrooke. Le lendemain de la remise des prix à Blackpool, à laquelle nous n’avions pas assisté, j’ai été occupé à répondre à des appels d’urgence, et personne n’a donc pu me faire part de la bonne nouvelle avant le début de l’après-midi.
Finalement, une fois que j’ai pu prendre mes messages, j’ai appris que nous avions remporté la compétition.
-
Comment avez-vous réagi ?
-
Je dois avouer que j’ai eu un peu de mal à y croire sur le moment, en raison des circonstances. En effet, comme j’ai appris la nouvelle en écoutant un message sur ma boîte vocale, je n’ai pas immédiatement pris conscience de ce que représentait notre victoire.
-
En quittant l’Angleterre, croyez-vous que vos chances étaient bonnes ?
-
Nous avons eu d’excellents commentaires des organisateurs, qui ont souligné que nous avions innové sur certains aspects de notre conception. Les spectateurs ont aussi bien apprécié notre spectacle, si on se fie aux nombreux commentaires positifs que nous avons pu lire en ligne.
Il faut dire que notre feu rendait hommage à James Bond, le célèbre espion britannique, et que l’année 2012 est le cinquantième anniversaire de la sortie du premier film, événement qui est célébré à travers toute la Grande-Bretagne. Le public était donc dans un état d’esprit adéquat pour bien apprécier notre spectacle.
Comme nous passions les premiers parmi les trois concurrents, nous avons décidé que notre priorité serait de nous amuser et de vivre la meilleure expérience possible, car il est connu qu’historiquement, peu de participants qui passent les premiers dans de telles compétitions ont remporté un prix.
-
Comment s’est déroulé votre spectacle ?
-
Nous n’avons eu aucun problème technique pendant notre prestation, et la météo s’est avérée clémente.
De ma position à la console de tir, un peu en retrait des rampes de lancement, je pouvais entendre la trame sonore, car un haut-parleur avait été installé à proximité. Les circonstances étaient donc idéales pour que je puisse apprécier ma conception autant que le public.
-
Quelles différences avez-vous constaté entre la pyrotechnie britannique et la pyrotechnie canadienne ?
-
Des artificiers de l’armée sont venus nous donner un coup de main pendant le montage. Les militaires peuvent choisir de s’impliquer dans la pyrotechnie civile, et les organisateurs en avaient embauchés quelques-uns pour l’occasion.
Aussi, les techniques de montage sont un peu différentes de ce que la législation canadienne permet. Par exemple, nous avons effectué le pré-montage des effets à proximité du public, et nos pièces aériennes étaient déjà pourvues de leurs allumettes électriques quand nous les avons reçues au site de mise à feu, deux façons de faire qui sont interdites au Canada mais permises en Grande-Bretagne.
Les supports des mortiers sont également différents de ce nous utilisons ici. Il s’agit de structures composées d’échelles horizontales qui peuvent coulisser l’une par rapport à l’autre, ce qui permet de disposer rapidement les mortiers en angle.
Les organisateurs nous ont aussi suggérés d’employer une allumette électrique par mise à feu, alors que nous utilisons généralement des délais dans certains cas précis pour minimiser le nombre de fils à raccorder le jour du feu.
-
Quels sont les enjeux de la compétition de Blackpool ?
-
Le site de mise à feu est perpendiculaire au public, donc la conception doit tenir compte de la façon dont la majorité des spectateurs verra le spectacle. Je me suis inspiré des feux que nous effectuons l’hiver dans des circonstances similaires à Charlevoix pour visualiser mes séquences et prédire comment le public pourrait les apprécier.
Nous devions aussi choisir les produits que nous allions utiliser parmi l’inventaire que les organisateurs mettent à notre disposition. De cette manière, tous les participants ont accès aux mêmes produits, ce qui force les concepteurs à innover pour se démarquer des autres.
Cependant, en dépit de cette façon de placer tous les concurrents sur un pied d’égalité dès le départ, j’ai dû apprendre les nouveaux produits que j’allais être appelé à utiliser en un temps record pour remettre ma conception dans les temps. Lorsque j’ai reçu les documents officiels, j’ai remarqué que je ne connaissais qu’un seul effet dans tout l’inventaire qui m’était proposé !
-
Finalement, dans quel contexte avez-vous effectué votre conception ?
-
J’avais déjà choisi le thème bien avant d’être invité à une compétition, car j’avais fait une séance d’écoute intensive des films de James Bond pour le plaisir avec un de mes amis. En écoutant ces films, j’ai réalisé que les chansons et les trames sonores étaient tout à fait appropriées pour un feu d’artifice, mais j’avais mis l’idée sur une tablette.
Quand j’ai été invité à la compétition de Blackpool, j’ai hésité sur le thème jusqu’à ce que je me souvienne que j’avais été inspiré par la musique des films de James Bond. Il n’en fallait pas plus pour que je prépare ma trame sonore et mon script, qui m’ont pris environ deux semaines de travail au total pour être au point.
Laisser un commentaire