Critique du feu Kung-Fu

25 juin 2011 — Chine

Évaluation du spectacle

Selon Gang Huang, concepteur du feu, et Rebecca Song, l’interprète qui avait traduit ses propos du chinois vers l’anglais, le spectacle Kung-Fu devait comporter pas moins de 400 modules de mise à feu Pyrodigital.

Comme Souvenirs d’un DJ en comportait deux fois moins et avait repoussé les limites de la synchronisation, j’avais anticipé que Kung-Fu fasse de même. Après tout, les 180 groupes d’effets monocoups disposés sur la rampe 3 constituent l’arsenal tout indiqué pour exploiter chaque petit détail de la trame sonore et donner un nouveau sens à la notion de chorégraphie pyrotechnique.

Hors, même si Kung-Fu utilisait au maximum la précision de tir du système Pyrodigital pour effectuer d’ambitieuses traversées de la rampe 3 des deux côtés à la fois (gauche-droite et droite-gauche) avec des comètes et pour mettre à feu simultanément plusieurs effets en batterie, je n’ai pas senti qu’il s’agissait de la représentation pyrotechnique de la chanson qui se déversait des hauts-parleurs comme Göteborgs FyrverkeriFabrik avait su le faire l’an dernier.

Par ailleurs, j’ai trouvé que le respect du thème laissait aussi à désirer. En effet, les pièces montées en forme de combattant kung-fu promises en entrevue se sont avérées des silhouettes de contreplaqué jaune vif pourvues de fontainesà l’extrémité de leurs bras, et elles ont été mises à feu pendant une seule chanson : Kung-Fu Fighting.


Silhouettes de contreplaqué en forme de combattant sur Kung-Fu Fighting

De plus, je n’ai pas trouvé que la trame sonore représentait l’art du combat ni même un état d’esprit caractéristique aux combattants. Mis à part le cri «Muay Thai !» au tout début de l’énigmatique pièce musicale Muay Thai Music, on aurait pu croire qu’il s’agissait d’une trame sonore plutôt hétéroclite qui n’avait pas réellement de fil conducteur.

Aussi, j’ai trouvé que le mixage de la trame sonore n’était pas du standard habituel de la compétition; sauf erreur, les chansons n’avaient pas été raccourcies, et le mixage constituait à les enchaîner avec une courte pause entre chacune.

Toutefois, là où Kung-Fu se démarque, c’est au niveau des couleurs utilisées. En effet, il n’était pas rare que la rampe 3 tout entière soit utilisée pour créer un rideau de comètes ou de mines de couleurs vives, ou que des pièces aériennes contiennent des étoiles de couleurs véritablement inédites.


Séquence de mines multicolores

Par exemple, un des segments du spectacle contenait un barrage de feuilles mortes contenant du rouge et du vert, les couleurs habituelles de ce type d’effet, et du jaune vif et du bleu, qui sont beaucoup plus rares.

Hors, en dépit des couleurs totalement extravagantes utilisées par Panda Fireworks, j’estime que leur sélection de pièces pyrotechniques n’était peut-être pas assez diverse. En effet, plusieurs pièces aériennes se terminaient dans une explosion de petites étoiles grésillantes, et les chrysanthèmes crépitants, les dalhias argentés et les crossettes revenaient dans plusieurs segments alors qu’une utilisation plus parcimonieuse aurait été souhaitable.

Par ailleurs, je crois qu’il aurait été pertinent de transférer les pièces utilisées dans les nombreuses fausses finales du spectacle vers la véritable finale (sur O Fortuna), car le bombardement final durait un maigre 20 secondes.

Ainsi, j’ai trouvé que l’intensité des derniers moments n’augmentait pas de façon assez progressive pour que les spectateurs apprécient suffisamment l’ultime déchaînement d’explosions : le spectacle suivait presque son cours normal lorsque des gâteaux de marrons d’air au titane ont été mis à feu sur la rampe 3 pendant que jaillissaient vers le ciel une bonne centaine de kamuros. Finalement, quelques éventails de comètes ont rempli le bas du ciel et Michel Lacroix, le maître de cérémonie, a annoncé la fin du spectacle…


Saules pleureurs et gâteaux de mines pendant la finale

En guise de conclusion, j’ai discuté avec les artificiers de Panda Fireworks après le spectacle, et il semble que le mauvais temps qui s’est éternisé au-dessus de Montréal pendant la semaine de préparation les a empêchés d’installer bon nombre de produits sur les rampes de lancement et a ruiné plusieurs modules de mise à feu, ce qui a causé une absence de symétrie tout au long du spectacle.

Toutefois, malgré ces circonstances exceptionnelles, je ne peux pas juger le spectacle en fonction de ce qu’il aurait pu être, mais bien de ce qu’il a véritablement été. Conséquemment, mon évaluation du feu peut sembler sévère à certains de mes lecteurs, mais je ne peux porter un jugement que sur ce qui explose véritablement dans le ciel de Montréal…

Mon appréciation

J'ai apprécié...
Je déplore...

Grille d'évaluation

Critère Note

Pièces pyrotechniques

La diversité et la qualité des pièces ainsi que la diversité et la richesse des couleurs

8 / 10

Synchronisation

La précision de la simultanéité entre la musique, les effets sonores et les éléments d'artifice

4 / 5

Bande sonore

Les enchaînements et le choix musical

7 / 10

Conception technique

L'utilisation de l'espace, la densité de produits et la constance, à savoir la qualité du feu soutenue tout au long

7 / 10

Conception pyromusicale

La musique en lien avec la quantité et le choix des pièces pyrotechniques, l'originalité et la dynamique rythmique de la prestation pyromusicale

7 / 10
Total 33 / 45
73.3 %

Source des critères : site officiel

Trame sonore

  1. Hans Zimmer & John Powell - Kung-Fu Panda OST - Hero
  2. Raymond Wong - Shaolin Soccer OST - Making Buns
  3. Raymond Wong - Shaolin Soccer OST - Opening
  4. A-One - Jeet Kune Do
  5. Carl Douglas - Kung Fu Fighting - Kung Fu Fighting
  6. Rin - Samurai 7 - Fuhen (Ubiquity)
  7. [Artiste inconnu] - Taekwondo Music
  8. [Artiste inconnu] - Muay Thai Music
  9. Skillet - Awake - Hero
  10. Era - The Essential Era - The Mass
  11. Carl Orff - Ô Fortuna