Critique du feu Maudits Français
27 juillet 2011 — France
Évaluation du spectacle
Dès l’annonce des thèmes des feux de l’édition 2011, j’ai été intrigué par Maudits Français, préparé par des français eux-mêmes, soit la firme Lacroix-Ruggieri. Autodérision et feux d’artifices : que demander de mieux ?
Dans ce spectacle, un québécois représenté par un individu vêtu d’une combinaison lumineuse trouve un objet «Made In France» sur la rive du Lac des Dauphins (une boule miroir) et se trouve téléporté instantanément en plein Paris.

Artificiers de La Ronde et de Lacroix-Ruggieri – Le «québécois» au costume lumineux est dans la dernière rangée
Malgré un départ un peu lent imposé par la prémisse du récit, la première vraie séquence du spectacle a su compenser : il s’agissait d’un parcours en taxi dans les rues parisiennes, où la vitesse du véhicule était représentée par des traversées de la rampe #3 avec des mines tirées de plus en plus rapidement. Le clin d’œil à la série de films français TAXI était complété par la pièce instrumentale Misirlou, qui en est le thème musical.
Sitôt arrivé à Paris, le québécois en visite impromptue prend le temps de s’arrêter au Musée du Louvre, au Moulin Rouge, au Château de Versailles et à la Tour Eiffel, où les employés sont en grève, forçant notre protagoniste à gravir, puis à redescendre, les 1665 marches menant au sommet.
Évidemment, pour représenter ces attraits touristiques parisiens reconnus, la trame sonore et les effets pyrotechniques se devaient d’être parfaitement sélectionnés. L’équipe de Lacroix-Ruggieri a fait un excellent travail à ce chapitre, en utilisant notamment une structure circulaire surnommée «Cyclone» suspendue à 40 mètres de hauteur et sur laquelle étaient installés des effets monocoups, des fontaines et des petites chandelles romaines.
Ainsi, pendant le segment Château de Versailles, des fontaines dorées sur le pourtour du «Cyclone» représentaient Louis XIV, surnommé le Roi Soleil.
Cette même structure était aussi utilisée pendant la descente simulée des escaliers de la tour Eiffel, où des mines disposées en cercle étaient mises à feu de plus en plus vite sur le thème des Simpsons.
Cependant, après ce segment humoristique, j’ai senti un certain essoufflement dans la qualité de la prestation pyromusicale. En effet, les deux séquences suivantes, respectivement le défilé de mode et la romance avec une française, n’étaient pas du même niveau que la première partie du spectacle.
En effet, les tableaux de ces deux séquences étaient très peu imaginatifs. Ils étaient principalement constitués de chandelles romaines dans la partie inférieure du ciel et de bombes à motifs dans la partie supérieure, ce qui devenait répétitif et lassant. De plus, leur lien avec le thème était plutôt faible.
Heureusement, l’équipe de Lacroix-Ruggieri a su se rattraper en beauté pour la fausse finale. En effet, cet avant-dernier segment était constitué de kamuros scintillants de grande qualité, qui étaient tirés en arrière-plan pendant que cinq gâteaux de mines dorées étaient mis à feu depuis la rampe #5, à 50 mètres à peine des spectateurs.
Lorsque la dernière rangée de ces gâteaux a été tirée et consumée, mon attention s’est soudainement portée sur le ciel complètement saturé d’étoiles dorées scintillantes qui était masqué par ces bombardements. Le kamuro doit être utilisé convenablement pour être aussi émouvant; cette séquence particulière du feu de la France demeurera dans mon court palmarès personnel.
Malgré les applaudissements du public, Maudits Français n’était pas encore terminé ! Le Québécois-Lumineux est revenu (s’est rallumé ?) pour demander aux spectateurs d’allumer leurs cellulaires en même temps afin de créer un souvenir de qualité pour les artificiers français à la manière des allumages de briquets des spectacles de rock.
Par la suite, après un ultime compte à rebours, la véritable finale a commencé en mettant une dernière fois en évidence un problème de symétrie observé entre les postes extérieurs de gauche et de droite de la rampe #3 tout au long du spectacle : un gâteau s’est allumé au poste de droite, alors que son complément est resté complètement éteint. S’agissait-il d’un module de tir défaillant ?
Finalement, le spectacle s’est achevé par un long bombardement de pivoines multicolores, sans doute moins coûteuses que les kamuros de la fausse finale, qui ont dû être particulièrement dispendieux, et de barrages de marrons d’air pour faire bonne figure.
En conclusion, Maudits Français était un très bon spectacle, qui aurait pu en mon sens remporter le Jupiter de bronze au lieu du Jupiter d’argent en raison de l’essoufflement observé dans le troisième quart du spectacle. Il y a un avantage à écrire ses critiques après la cérémonie de remise des Jupiters : on peut aussi donner son opinion sur le classement final !
Mon appréciation
J'ai apprécié...
- La formidable autodérision de l'équipe de Lacroix-Ruggieri
- L'utilisation du Cyclone et du Québécois-Lumineux pour rehausser la qualité de la prestation
- La qualité de la première moitié du spectacle, de la fausse finale et de la vraie finale
Je déplore...
- La faiblesse générale dans la conception du troisième quart du spectacle
- Le faible niveau d'utilisation du Cyclone
Grille d'évaluation
| Critère | Note | |
|---|---|---|
|
Pièces pyrotechniques La diversité et la qualité des pièces ainsi que la diversité et la richesse des couleurs |
9.5 | / 10 |
|
Synchronisation La précision de la simultanéité entre la musique, les effets sonores et les éléments d'artifice |
4.5 | / 5 |
|
Bande sonore Les enchaînements et le choix musical |
8 | / 10 |
|
Conception technique L'utilisation de l'espace, la densité de produits et la constance, à savoir la qualité du feu soutenue tout au long |
9 | / 10 |
|
Conception pyromusicale La musique en lien avec la quantité et le choix des pièces pyrotechniques, l'originalité et la dynamique rythmique de la prestation pyromusicale |
9 | / 10 |
| Total | 40 | / 45 |
| 88.9 % | ||
Source des critères : site officiel
Trame sonore
- Dick Dale and His Del-Tones - Pulp Fiction OST - Misirlou
- Yann Tiersen - L'absente - Le jour d'avant
- Danny Elfman - Edward Scissorhands OST - Ice Dance
- Offenbach - Can-can
- Christina Aguilera, L'il Kim, Mýa & P!nk - Moulin Rouge OST - Lady Marmalade
- Nick Glennie-Smith - The Man in the Iron Mask OST - The Palace
- Trevor Rabbin - The Sorcerer's Apprentice OST - Sorcerer's Apprentice
- John Debney - In Pursuit of Honor OST - Main Theme
- Danny Elfman - Testify (Original Music from the Television Series) - The Simpsons Main Title Music
- Benoît Jutras - B.O. Journey of Man - Journey of Man
- Puy du Fou - Le Bourg 1900
- Martin Solveig - Hedonist - Rejection
- Daft Punk - Discovery - Aerodynamic
- Stromae - Alors on danse Single - Alors on danse
- John Powell - How to Train Your Dragon OST - Test Drive
- Edith Piaf - Milord - Hymne à l'amour
- Michel Sardou - La maladie d'amour - La maladie d'amour
- Anaïs - The Cheap Show - Mon Coeur, mon amour
- Hans Zimmer - Thelma & Louise OST - Thunderbird
- John Powell - Robots OST - Robots Overture
- Nick Glennie-Smith - Puy du Fou - Le Ballet d’hiver
- David Guetta - When Love Takes Over - When Love Takes Over


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