Critique du feu Aéro-folies
7 juillet 2012 — Suisse
Évaluation du spectacle
Tout comme la firme Aoki Fireworks le 30 juin dernier, l’équipe de SUGYP SA de la Suisse en était aussi à sa première participation à l’International des Feux.
Heureusement, pour une deuxième fois en autant de semaines, ces artificiers ont su nous montrer leur savoir-faire sans tomber dans les pièges qui guettent bien des équipes débutantes à leur première présence sur les rampes de La Ronde.
Le thème que les artificiers suisses avaient sélectionné, Aéro-folies consistait à représenter l’histoire des engins volants, du premier avion des frères Wright à la conquête spatiale de galaxies éloignées.
Leur entrée en matière est intervenue dès les premiers instants du spectacle : une pièce montée en forme de biplan s’est illuminée à la gauche du Lac des Dauphins sitôt les premières bombes éclatées. À l’opposé de bien des panneaux de lances statiques, celui-ci était monté sur une petite barge, et les artificiers ont mis à profit un ingénieux système pour le déplacer sur la surface du lac.
Comble de raffinement, une roue pyrotechnique était installée à l’avant pour faire office de moteur, et sa vitesse de rotation était synchronisée aux pétarades ajoutées à la trame sonore.
Après cette séquence, le spectacle pyrotechnique a véritablement pris son envol (pardonnez-moi le jeu de mots), avec un tableau de chrysanthèmes dorés à pointes colorées. Les gâteaux, dont l’absence avait pesé un peu lourd la semaine dernière, étaient d’ailleurs de retour dès ce premier segment.
Peu après, un tableau rendait hommage aux hélicoptères, tout d’abord avec des roues «parasol» (installées à la verticale), puis avec des soucoupes volantes argentées à double ascension. La forte réaction du public pendant cette partie du spectacle illustre d’ailleurs l’excellent choix de pièces pyrotechniques pour ce tableau précis.
Un autre segment digne de mention simulait un décollage de fusée au moyen d’un extrait sonore d’un compte à rebours de lancement et d’une séquence de mines oranges de gros calibre tirées de plus en plus rapidement pour simuler les flammes qui s’échappent du moteur de la fusée à l’allumage. Ces mines étaient d’ailleurs si brillantes que le jour s’est fait en pleine nuit pendant quelques secondes…
Jusqu’à ce point, le spectacle se serait distingué uniquement par son excellent respect du thème. En effet, les artificiers ne nous avaient pas encore montré l’étendue de leur savoir-faire à un niveau suffisant pour se mériter un Jupiter.
C’était sans compter leur créativité.
À la treizième minute du spectacle, un hélicoptère téléguidé a décollé à proximité de la section 302 des gradins. Grâce à un système d’affichage par persistance rétinienne, divers symboles ont été affichés sur les pales de l’hélicoptère, tels une feuille d’érable, une fleur de lys, le logo de la ville de Montréal et le nom du spectacle.
Cependant, le paroxysme de cette séquence a véritablement été atteint lorsque deux fontaines se sont allumées de part et d’autre de l’hélicoptère et que le pilote s’est mis à enchaîner des figures de haute voltige sur la pièce Flight du Cirque du Soleil. C’était véritablement saisissant.
À cause de la présence de ces pièces pyrotechniques sur l’hélicoptère, qui volait très près du public, Paul Csukassy, le directeur technique de la compétition, m’a indiqué que la séquence a dû être présentée pour approbation au service des incendies et à la division de la réglementation sur les explosifs (DRE).
Cependant, les autorités ont donné leur aval sans aucun problème après quelques minutes passées à constater la grande maîtrise du pilote avec son appareil et les nombreuses mesures de sécurité intégrées à l’hélicoptère.
Après ce segment fort réussi, quoique peut-être un peu long, les artificiers suisses ont enchaîné avec une seconde moitié du spectacle dédiée à la conquête spatiale. J’ai toutefois senti un certain essoufflement dans cette partie, malgré la présence de plusieurs segments humoristiques tels que la phase musicale «question-réponse» de la trame sonore de Rencontres du troisième type, un tableau de farfalles sur le thème du Frelon Vert et la finale sur la musique du film français La soupe aux choux.
Malgré cette deuxième partie un peu plus faible, je crois que Sugyp est en excellente position pour remporter un Jupiter grâce à ses tableaux hautement créatifs tels que la pièce montée mobile en forme de biplan, les deux tableaux rendant hommage aux hélicoptères et le décollage de la fusée.
Ne manquez pas mon entrevue d’après-feu avec les directeurs de Sugyp (que je prononce malencontreusement «Sygup») pour connaître les défis rencontrés par l’équipe suisse, notamment pendant la séquence de l’hélicoptère.
Mon appréciation
J'ai apprécié...
- Le grand niveau de créativité dont ont su faire preuve les artificiers suisses
- Le côté poignant de la séquence avec l'hélicoptère téléguidé
- Le fort respect du thème, à la fois dans la trame sonore et avec les effets pyrotechniques
Je déplore...
- L'absence de support des pièces aériennes par des effets de petit calibre à de nombreuses reprises
- La faiblesse générale de la deuxième moitié après avoir mis la barre si haut pendant le premier 15 minutes...
Grille d'évaluation
Critère | Note | |
---|---|---|
Pièces pyrotechniques La diversité et la qualité des pièces ainsi que la diversité et la richesse des couleurs |
9 | / 10 |
Synchronisation La précision de la simultanéité entre la musique, les effets sonores et les éléments d'artifice |
4 | / 5 |
Bande sonore Les enchaînements et le choix musical |
9 | / 10 |
Conception technique L'utilisation de l'espace, la densité de produits et la constance, à savoir la qualité du feu soutenue tout au long |
9 | / 10 |
Conception pyromusicale La musique en lien avec la quantité et le choix des pièces pyrotechniques, l'originalité et la dynamique rythmique de la prestation pyromusicale |
9.5 | / 10 |
Total | 40.5 | / 45 |
90 % |
Source des critères : site officiel
Trame sonore
- Memphis Five - Fireworks et bruitages
- F. Rauber - La conquête du ciel
- Mike Post & Pete Carpenter - Les têtes brûlées
- Pendulum - The Island
- DJ YoyOman - Propeller Symphony
- R. Wagner - Ride of the Valkyries, The Ring
- Teddy Pendergrass - The Right Stuff
- Kenny Loggins - Danger Zone
- Howard Shore - America's Aviation Hero
- Cirque du Soleil - Flight
- Avicii - Level
- Richard Strass - Also Sprach Zarathustra
- John Williams - Close Encouters of The Third Kind
- John Williams - E.T. - Flying Theme
- Al Hirt - Green Hornet
- Alan Silvestri - Awful Waste Of Space
- Mark Snow - X Files Theme
- Mike Townend - Star Trek Theme
- John Williams - Star Wars Theme
- Vladimir Cosma - La Soupe aux choux